Les marchés financiers ont frémis le 9 octobre 2024 . Les obligations camerounaises ont connu une chute sans précédent, plongeant de plus de 50 points pour le troisième jour consécutif. Dans un contexte où la santé du président Paul Biya, 91 ans, demeure incertaine, les investisseurs évaluent avec inquiétude la stabilité politique du pays.
Depuis le début de septembre, le président Biya n’est plus apparu en public, alimentant les rumeurs d’une éventuelle crise de succession. Bien que le gouvernement assure que le chef de l’État est en bonne santé, cette absence prolongée soulève des questions cruciales sur l’avenir politique du Cameroun. Les marchés réagissent avec prudence : les obligations souveraines se classent parmi les plus mauvaises performances de l’indice des marchés émergents, un signal alarmant pour un pays déjà en proie à des défis économiques considérables.
Les investisseurs, déjà nerveux, voient dans cette situation un terrain fertile pour des incertitudes politiques. Les craintes d’une lutte interne pour le pouvoir s’intensifient, provoquant une vague de ventes sur les obligations en dollars camerounais. Ce climat de méfiance témoigne d’un sentiment général de vulnérabilité. « Nous sommes dans l’attente d’un éclaircissement sur la succession, mais chaque jour qui passe sans nouvelles ne fait qu’exacerber les inquiétudes », explique Onana François un analyste financier basé à Douala.
Le Cameroun, qui se remet à peine des tensions sociopolitiques, fait face à un défi supplémentaire : une économie déjà fragile. La chute des obligations n’est pas qu’un simple indicateur financier ; elle symbolise également un malaise plus profond. La possibilité d’une transition de pouvoir chaotique pourrait avoir des répercussions désastreuses sur la stabilité du pays.
L’absence de leadership clair ne fait qu’amplifier les inquiétudes. Des voix s’élèvent parmi la population, appelant à une transparence et à une responsabilité accrues de la part des autorités. Les citoyens, inquiets de l’avenir, demandent à être informés des véritables conditions de santé de leur président et des perspectives politiques qui en découlent.
Alors que le monde observe, le Cameroun se trouve à un carrefour critique. Les investisseurs peuvent se détourner, mais la réalité demeure : derrière les chiffres et les obligations, il y a des vies, des espoirs et des rêves. La nécessité d’un leadership stable n’a jamais été aussi pressante, car chaque jour d’incertitude ne fait qu’aggraver les enjeux.
Le temps presse, et le Cameroun doit se préparer à un changement inévitable. Les leçons du passé montrent que l’absence de planification pour une succession peut conduire à des conflits dévastateurs. Alors que le pays affronte ces turbulences, il est essentiel que les dirigeants, ainsi que la communauté internationale, s’engagent à garantir une transition pacifique et démocratique. Le sort des obligations camerounaises ne se joue pas seulement sur les marchés, mais dans les cœurs et les esprits de tous ceux qui aspirent à un avenir meilleur. Il est impératif que l’incertitude actuelle se transforme en opportunité pour un renouveau politique, car le Cameroun mérite bien plus que l’angoisse de l’inconnu.
cedric ndoungue