Dans un environnement économique où le secteur des paiements électroniques, dominé par des géants comme MOMO et OM, s’affirme avec force, Albert Kouinche se distingue par une stratégie audacieuse de diversification qui pourrait servir de modèle dans les écoles de commerce et de management. Son parcours, qui passe de la micro-finance à des industries variées, témoigne non seulement de sa vision, mais aussi de la résilience du tissu entrepreneurial camerounais face à la concurrence, même internationale.

Albert Kouinche ne se contente pas de rester dans la micro-finance, avec Express Union, qui affichait un bilan de 44 milliards de F CFA en 2016. Depuis la montée en puissance de MOMO et OM, il a brillamment redéfini les contours de son groupe. Sa participation dans la Banque Atlantique Cameroun, sa reprise de la Société camerounaise d’équipements (SCE), ainsi que ses entreprises dans l’assurance (Atlantique Assurance) et l’hôtellerie (le nouvel hôtel Méridien en construction à Yaoundé), illustrent une dynamique de croissance impressionnante.

Mais c’est surtout son dernier projet, Fish & Co, qui attire l’attention. Avec un investissement dépassant les 10 milliards de F CFA (plus de 15 millions d’euros), ce projet ne vise pas seulement à produire des aliments pour animaux ; il s’inscrit dans une ambition de transformation du secteur agroalimentaire en Afrique Centrale. L’usine, dont la construction débutera très bientôt dans la zone industrielle de la Dibamba, s’étendra sur 2 hectares et emploiera 125 personnes dès sa première phase, pour atteindre 2 000 emplois directs à terme.

Une réponse à la concurrence

Confronté à l’écrasante influence des multinationales et à l’absence de soutien de l’Etat pour réguler la concurrence dans le secteur des transferts électroniques, Kouinche a su anticiper les besoins du marché en diversifiant ses investissements. Sa vision pragmatique lui permet de transformer un défi en opportunité. L’usine de Fish & Co intégrera une première ligne de production capable de fournir 15 000 tonnes d’aliments extrudés pour poissons, 5 000 tonnes pour crevettes et 30 000 tonnes pour d’autres animaux de ferme. La seconde ligne, prévue pour la troisième année d’exploitation, portera la capacité de production à des niveaux encore plus impressionnants.

Pour garantir un approvisionnement stable en matières premières, Kouinche a également acquis 5 000 hectares de terres pour cultiver maïs et soja, créant près de 500 emplois directs dans le processus. Ce niveau de préparation et de vision stratégique permet de s’assurer de la durabilité de son entreprise tout en contribuant à l’économie locale.

L’impact sur l’économie locale

Le projet de Kouinche n’est pas seulement une réussite personnelle ; c’est une lueur d’espoir pour de nombreux entrepreneurs camerounais. Il illustre la nécessité d’un écosystème économique solide, capable de résister aux fluctuations du marché global. Le développement de la pisciculture, avec la création d’un complexe dédié à la production de tilapias et autres espèces, promet également de dynamiser le secteur agroalimentaire et d’offrir de nouvelles opportunités d’emploi.

Plus encore, l’exemple d’Albert Kouinche devrait inciter le gouvernement camerounais à revoir certains aspects de sa politique de soutien aux industries locales. En conditionnant les licences d’importation à des investissements dans la production domestique, l’Etat pourrait non seulement protéger les acteurs locaux, mais aussi renforcer la souveraineté économique du pays.

Cedric Ndoungue

 

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