Dans le paysage emblématique de Douala, les nouveaux sièges de la Golden Bank et de la CCA Bank se dressent comme des symboles d’une rivalité économique intense.

À gauche, l’architecture audacieuse de la Golden Bank, soutenue par les milliardaires Foyou et Congelcam, affiche un luxe éclatant. À droite, la CCA Bank, dirigée par l’influent Mkemla, impose une présence robuste. Mais cette confrontation dépasse largement la simple esthétique architecturale ; elle incarne un affrontement stratégique entre deux géants du secteur bancaire camerounais.

Une dynamique essentielle

La concurrence entre ces deux acteurs majeurs, bien qu’âpre, est bénéfique. Dans un pays où la performance financière et le développement économique se nourrissent de la rivalité, l’absence de concurrence domestique pourrait étouffer l’innovation et l’engagement envers le progrès. Les banques camerounaises, bien que souvent sous-estimées, ont prouvé leur valeur en prenant des risques que d’autres, souvent étrangères, ont évités.

Foyou-Ngouchingue

Jusqu’ici, cette dynamique a souligné un point crucial : il n’y a pas de développement sans acteurs locaux forts. Le gouvernement du Cameroun a, hélas, pris la décision contestée de céder des parts dans des institutions bancaires à des multinationales. Quand ces grandes entreprises ont fermé la porte aux financements de projets d’envergure, ce sont les banques camerounaises qui ont répondu présentes, agissant par patriotisme et engagement envers leur pays.

Financement de l’économie locale

Malgré un environnement à risques, marqué par un taux élevé de crédits non remboursés, nos banques domestiques se sont révélées être les véritables moteurs de l’économie. Les entreprises locales, souvent laissées pour compte par des acteurs étrangers, se tournent vers ces institutions pour obtenir du crédit et réaliser leurs projets. Pourtant, le trésor public, en difficulté pour honorer ses obligations envers ces sociétés, exacerbe la tension : les banques doivent faire face à une situation où les créances deviennent de plus en plus risquées.

Pourtant, ces difficultés ne doivent pas masquer l’indispensable rôle qu’ils jouent. C’est un appel à l’action pour les décideurs politiques : renforcer ces institutions, les soutenir et les positionner comme des champions de la souveraineté économique et financière du Cameroun. Dans ce contexte mondialisé où la concurrence est de plus en plus féroce, le gouvernement a la responsabilité de bâtir un environnement favorable aux banques domestiques pour qu’elles deviennent de véritables alliées de notre indépendance économique. Ignorer cette nécessité serait une grave erreur, un chemin vers une dépendance accrue vis-à-vis des multinationales.

La rivalité entre Golden Bank et CCA Bank est le reflet d’un besoin pressant de soutenir notre tissu économique local. Il est impératif de célébrer cette concurrence saine, véritable vivier d’innovation et de progrès. En fin de compte, l’avenir économique du Cameroun repose sur la force de ses institutions domestiques – car c’est dans leur succès que se trouve notre prospérité collective. Face à ce défi, il n’y a pas d’alternative. Le choix est clair : investir dans nos champions nationaux et bâtir ensemble un avenir durable.

Mireille Ganz

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