Le barrage hydroélectrique de Mekin, qui devait être un pilier de l’approvisionnement énergétique pour la région du Sud au Cameroun, est à l’arrêt complet depuis lundi 16septembre 2024. Cette panne est attribuée à un dysfonctionnement des pompes à eau du premier étage, exacerbé par des inondations récentes. Ce nouvel incident n’est malheureusement pas un cas isolé dans l’histoire trouble de cette infrastructure.

Un passé « maillé de pannes

La centrale de Mekin, d’une capacité de 15 MW et construite par la China National Electric Engineering Corporation (CNEEC), a connu un démarrage chaotique depuis sa mise sous tension en avril 2019. À peine opérationnelle, elle a immédiatement été confrontée à des problèmes techniques, notamment une panne de la bobine du point neutre (BPN) qui a immobilisé l’un de ses trois alternateurs. Ce dernier est resté hors service depuis la réception de l’ouvrage, empêchant ainsi les deux autres alternateurs d’évacuer efficacement leur production d’énergie sur le réseau électrique national.

Malgré les efforts de la société Hydro Mekin pour remédier à cette situation, incluant le remplacement de la bobine, des essais techniques ont été prolongés, et la mise en service commerciale n’a eu lieu qu’en janvier 2022, après des retards significatifs.

Une gestation financière douloureuse

Le coût initial du projet était de 25 milliards FCFA, financé à 75 % par la Exim Bank of China et à 25 % par l’État camerounais. Cependant, ce montant a rapidement grimpé à 34,5 milliards FCFA en début 2020, avant même que la centrale ne devienne pleinement opérationnelle. Ces dépassements de budget soulèvent des questions sur la gestion du projet et la viabilité financière de l’infrastructure.

Le tableau est encore assombri par des retards dans la finalisation des travaux de réaménagement des ponts inondés, ainsi que par la non-mise en œuvre d’un Programme de gestion environnementale et sociale (PGES). La finalisation des contrats commerciaux et juridiques avec les autres acteurs du secteur, tels qu’Eneo et Sonatrel, est également en souffrance. Ces défaillances devraient être prises en compte pour que des solutions adéquates puissent être mises en place.

Impact sur les communautés locales

Les conséquences de ces incidents ne se limitent pas simplement aux performances techniques de la centrale. Les coupures d’électricité récurrentes perturbent la vie quotidienne dans les huit communes que la centrale est censée alimenter. Ces interruptions créent des frustrations chez les habitants, amplifiant le sentiment d’insatisfaction face à l’incapacité à répondre aux besoins énergétiques croissants de la région.

Le barrage hydroélectrique de Mekin représente un potentiel considérable pour le développement économique et social du Cameroun. Toutefois, les défis techniques et de gestion rencontrés depuis son lancement soulignent la nécessité d’une gestion plus rigoureuse et d’un suivi efficace des projets d’infrastructure.

Alors que les autorités camerounaises cherchent à renforcer l’approvisionnement électrique du pays, la situation à Mekin met en lumière les leçons cruciales à tirer pour éviter que des projets similaires ne tombent dans les mêmes pièges de dysfonctionnement. La restauration de la confiance des citoyens et la sécurité énergétique du pays nécessiteront des actions concrètes et rapides pour remédier aux lacunes actuelles.

 Mireille GANZ

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