Dans une tribune parue le 17 avril 2024 dans l’hebdomadaire camerounais « Forum Libre », le Professeur Thomas Atenga, Enseignant des Sciences de l’information et de la Communication à l’Université de Douala et spécialiste de la communication politique, se prononce sur l’engouement soudain des populations à s’inscrire sur les listes électorales observé ces derniers temps à travers le pays et sur les réseaux sociaux.

D’entrée de jeu, le Pr Atenga propose une définition du mot « élection » : « L’élection est supposée consacrer un régime politique dans lequel la dévolution du pouvoir dans l’Etat est soumise au vote dans les conditions de transparence, de concurrence et de participation ne subissant que des réserves mineures ». A partir de cette définition, le Professeur Thomas Atenga conclut que « les campagnes injonctives d’inscription sur les listes électorales qui ont cours actuellement sur les réseaux sociaux numériques par les partis politiques, les leaders associatifs et d’opinion entérinent l’idée que c’est désormais la seule option pour espérer un changement à la tête de l’Etat et ses démembrements ».

Selon lui, « la viralité, l’intensité des appels et rappels pour aller s’inscrire ont une dimension symbolique forte et rendent aussi compte du changement de stratégie de certaines forces politiques opposées au régime en place qui avaient d’abord misé sur une insurrection populaire que la paupérisation continue de la société était supposée avoir préparé les conditions de survenance ».

Le politologue poursuit en affirmant que « Ce matraquage à l’inscription sur les listes électorales peut s’interpréter comme un aveu implicite selon lequel les forces politiques qui aspirent à gouverner ne souhaitent pas que l’armée vienne redistribuer les cartes de l’ordre politique ».

Le Pr Thomas Atenga, loin de minimiser l’impact de cet engouement sur le résultat du scrutin attendu, se demande si « la concaténation du système électoral et de l’ensemble du processus par des institutions, administrations et autres organismes dont la neutralité est sujette à caution est de nature à garantir une alternance au sommet de l’Etat par les urnes ? »

Il en conclut que « dans un contexte de resserrement autoritaire comme c’est le cas au Cameroun, il est encore plus difficile d’être prédictif », mais qu’en guise de conseil, il suggère aux forces qui mènent les campagnes d’inscription sur les listes électorales l’idée suivante : « Ce n’est pas en culpabilisant le citoyen que celui-ci aura le comportement souhaité. Les campagnes de sensibilisation et de mobilisation peuvent s’appuyer sur d’autres ressorts. Se contenter de faire des injonctions sur les réseaux sociaux numériques peut s’apparenter à un manque d’imagination politique dans un contexte où 47% seulement du territoire est couvert par internet ».

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